Bonjour à tous, cela fait 5 mois que j’ai décidé de mettre les publications en pause sur shyrobotics.com pour me concentrer sur une étude plus approfondie de l’innovation, de la robotique et de leurs problématiques. Au cours de ces recherches, pour m’assurer de la cohérence de mes conclusions, je contacte les professionels des différents secteurs qui me donnent leurs avis. J’en ai profité pour interroger Rodney Brooks et retranscrire l’interview. C’est un peu mon cadeau de Noël pour vous !
Merci à Planète Robots et à Génération Robots d’avoir permi la réalisation de cette rencontre. Une version courte de cet article, ainsi que beaucoup d’autres projets sont présentés dans le magazine Planète Robots disponible en kiosques à journaux.
Il y a des hommes qui suscitent naturellement l’admiration par leur créativité et leurs convictions ; des hommes qui sont nés avec le don de changer le monde et de laisser une empreinte dans notre quotidien. On oublie souvent leur nom pour ne retenir que leurs contributions ; et pour les curieux qui se demandent qui sont ces artistes qui ont modelé le monde dans lequel ils vivent, les rencontrer relève souvent du rêve. En ce mois d’octobre 2014, grâce à Génération Robots, j’ai eu l’opportunité de croiser l’un de ces hommes ; Rodney Brooks, cité dans la plupart des livres d’intelligence artificielle et de robotique de service, humble, armé d’une sympathie remarquable et du regard d’un visionnaire, a accepté de répondre à mes quelques questions pendant quarante cinq minutes à l’université de Jussieu, à Paris. Quarante cinq minutes qui ont semblées n’être que quelques secondes face à quelqu’un qui a tant à partager, mais qui représentent énormément pour quelqu’un d’aussi prisé. Fort de l’expérience de l’interview de Colin Angle, j’ai saisi l’occasion d’enregistrer l’événement pour partager au mieux ce moment avec vous, avec le matériel que j’avais à ma disposition.
Vous pouvez télécharger le podcast de l’interview ici :
Rodney Brooks, né en Australie en 1954, obtient une maîtrise en mathématiques pures à l’université de Flinders, en Australie, puis soutient sa thèse en sciences informatiques en 1981 à la célèbre université de Stanford, en se spécialisant dans le traitement d’image. Il poursuivra sa carrière de chercheur à l’université de Carnegie Mellon, puis au MIT en 1984. En 1986, il introduit le concept aujourd’hui très populaire de Subsumption Architecture, sur lequel il se reposera pour l’ensemble de ses projets.
Entrepreneur, Rodney Brooks fonde IS Robotics en 1990 avec Colin Angle et Helen Greiner. Il quitte la société, alors renommée iRobot, en 1993, et devient directeur du laboratoire des sciences informatiques et d’intelligence artificielle du MIT en 1997. Un an après avoir cédé ce poste, en 2008, il fonde Rethink Robotics autour du robot Baxter dont il fait la promotion aujourd’hui.
Cet éminent contributeur de la robotique de service est principalement connu pour son approche comportementale ; une approche qui se concentre sur les robots capables de prendre en compte leur environnement proche lorsqu’ils réalisent leurs actions. Dans sa publication de 1990, Elephants don’t play chess, il soutient que pour qu’un robot puisse effectuer des tâches de la vie de tous les jours dans un environnement partagé avec des humains, son niveau d’intelligence le plus élevé nécessite de se reposer sur un niveau d’intelligence primaire traitant les données directement issues de capteurs ; cette intelligence primaire, prioritaire et parfois contradictoire avec l’intelligence de niveau élevée, a pour mission de gérer des réactions critiques comme l’évitement d’obstacle ou la mise en sécurité de l’entourage.
Le concept de niveaux d’intelligence est très important car il va permettre à Brooks de démarquer la vieille robotique héritée des automates qui fonctionnaient de façon séquentielle, avec une robotique nouvelle basée sur le modèle que l’on fréquente aujourd’hui chaque jour sur nos ordinateurs : le modèle du multitâche reposant sur un ordonnanceur. De cette approche naîtra le concept de Subsumption Architecture qui influencera grandement la robotique autonome et la dite intelligence artificielle temps réel.
Pour mieux comprendre ce concept, imaginons qu’un robot aie à exécuter la tâche de se promener le long d’une route ; on nommera cette tâche, “Balade toi”. Au court de son chemin, il croise plusieurs êtres humains et plusieurs arbres que la fonction “Eviter obstacle” lui permettra d’éviter sans problème. La fonction “Eviter obstacle” est une fonction qui va permettre à “Balade toi” de s’executer sans accro, c’est donc une sous-fonction de “Eviter obstacle”. C’est ainsi que l’on déduit les niveaux de fonctions. Les fonctions de très bas niveau sont celles qui récupèrent directement les données des capteurs, ou qui envoient directement les signaux dans le langage compris par les périphériques comme les moteurs ; plus on descend dans les niveaux, moins il y a de fonctions intermédiaires avec le matériel.
Chaque couche ou fonction, marche en parallèle, et génère des données de sortie représentant des états. Ces données de sortie peuvent ensuite être directement utilisées pour contrôler les actionneurs comme les moteurs, ou exploitées par les autres couches. La Subsumption Architecture sera expérimentée pour la première fois par Rodney Brooks sur le robot Allen, équipé d’un détecteur d’obstacles à ultrasons et d’une carte d’odométrie, et utilisant une carte électronique embarquant un programme en Lisp, langage préféré de notre intervenant. Ce robot ressemblait à un tabouret sur base roulante.
Aujourd’hui, c’est Baxter qui est au coeur des présentations de Rodney Brooks, et qui illustre la société Rethink Robotics qu’il a fondée en 2012. Se présentant sous la forme d’un simili-humanoïde, il est doté de deux bras dont l’apparence est proche de ceux qui équipent les robots industriels multifonctions, et d’un écran lui donnant une apparence humanisée ; cet écran reflète sa perception de l’environnement et des échanges qu’il a avec ses utilisateurs. A travers une apparence qui se veut rassurante, Baxter a pour mission d’assister l’humain pour augmenter sa valeur ajoutée et sa productivité, ou tout simplement le remplacer dans les tâches les plus contraignantes ou inadaptées. Ce robot de service aux professionnels a été conçu pour ne jamais mettre en danger son entourage aux origines néandertaliennes, d’où la disparition de la cage que l’on trouve habituellement autour des robots en usine. Il s’installe facilement et rapidement au sein d’une petite infrastructure telle qu’une boulangerie, il se manipule aisément et apprend par l’exemple plutôt que par la programmation logicielle ; pour se faire, il suffit de sélectionner un type d’action via son interface visuelle, et de lui montrer le geste attendu en bougeant son bras. Grâce aux caméras situées dans ses bras, Baxter comprend l’action qu’on souhaite qu’il reproduise et adapte son mouvement à la pièce qu’on lui a demandé de manipuler, même si sa position a légèrement changé. Son prix de $25 000 fait rêver les petits commerçants qui vont rapidement pouvoir amortir cet achat grâce aux nombreux avantages du robot.
Les cinq tâches clés présentées sont la préparation de commandes par le remplissage d’un paquet à partir de différents casiers, le déplacement d’objets de paquets vers d’autres boîtes à la chaine, le vidage d’une boîte de séries de pièces pour leur placement en ligne de production, le travail sur machines outils, et le tri de colis. Avec une telle structure mécanique, les possibilités d’évolution du logiciel Intera qui l’équipe sont nombreuses, et font de lui un outil maintenable et évolutif dans le temps.
Les présentations étant faites, l’interview pouvait commencer.
Shy Robotics : Qu’est-ce que la cobotique pour vous ?
Rodney Brooks : Tout d’abord, j’utilise l’expression “robots collaboratifs”. L’un de mes exemples favoris est la société Kiva Systems qu’Amazon a acheté. C’était une compagnie située à Boston. Je ne sais pas si vous connaissez ces robots, mais tous les nouveaux centres de distribution d’Amazon en possèdent. Auparavant, dans les centres de distribution comme ceux d’Amazon, les préparateurs de commandes allaient chercher les objets à vélo ou en courant dans les rayons, et d’autres personnes les emballaient pour assembler les colis. Lorsque la société a voulu améliorer ses procédures, il a été vite considéré que les robots n’étaient pas adaptés pour attrapper les objets dans les gigantesques rayons des hangards ; en revanche, ils sont excellents pour avancer en lignes droites. L’idée de Kiva Systems, ce sont des bases roulantes autonomes qui viennent se placer sous les étagères pour les apporter aux préparateurs de commandes qui n’ont plus qu’à attraper les objets qu’ils recherchent. Les étagères s’organisent toutes seules autour des humains qui n’ont plus besoin de courir dans tous les sens. Toutes les nouvelles installations d’Amazon sont dotées de ce système.
Pendant toute notre vie, nous verrons de plus en plus de collaboration avec les machines ; je ne pense pas que les robots des cinquante prochaines années, ou même des cents prochaines années, pourront tout faire. Je pense que ce sera une collaboration entre les robots et les personnes. Donc la clé de tout, ce sera de trouver comment les robots et les personnes peuvent travailler ensemble et comment il est possible de partager leur travail, et donc laisser les gens assurer ce qu’il y a de plus cognitif, de plus intéressant.
Shy Robotics : Lorsque l’on regarde votre expérience et vos études, on est forcé de constater votre excellente maitrise des sujets que vous traitez. Cette maitrise vient-elle de votre famille ou de vos amis ?
Rodney Brooks : Non, mes parents n’ont pas fait d’études et mon grand père était boucher. Je suis un peu l’intrus. J’ai gagné à la lotterie génétique. Mes parents ne connaissaient aucun universitaire, mais quand j’ai eu quatre ans, tout le monde m’appelait Professeur parce que je suis né pour être Professeur. Je pouvais faire du calcul mental et ils ne pouvaient même pas le faire à l’écrit. Je suis bizarre, c’est anormal, il n’y a pas d’explication.
Shy Robotics : Lorsque l’on regarde vos anciennes publications comme “Elephants don’t play chess” (1990), nous observons que vous avez exploité certaines parties au sein de Baxter…
Rodney Brooks : Oui, mais pas de façon aussi intensive que dans les laboratoires de recherche. Dans les recherches, on pousse les choses très loin. Un produit doit, lui, fonctionner à chaque fois. Dans les laboratoires de recherches, vous avez des équipes d’étudiants et ils essaient les choses en équipe. Avec le produit, vous le mettez dans une boîte et vous ne le revoyez jamais. Donc, il doit être plus simple et plus robuste.
Shy Robotics : Qu’est-ce qui vous a mené à sortir ces technologies et idées de l’université pour fonder Rethink Robotics ?
Rodney Brooks : La raison pour laquelle j’en suis venu à fonder Rethink Robotics, est liée à mon expérience avec iRobot, et l’expérience que j’ai eu en échangeant avec la Chine à propos des moyens de production du Roomba. J’avais déjà beaucoup travaillé avec des compagnies basées en Thaïlande et j’avais aussi beaucoup de collègues et d’amis qui étaient chef d’entreprise chinoises. Un jour, j’ai pris conscience d’une chose : le coût du travail augmentait et l’ère du travail infiniment bon marché arrivait à sa fin. Cela s’est confirmé avec le temps : le nombre des personnes de dix-neuf ans prêtes à travailler a diminué. Le problème le plus important pour les manufactures chinoise a été de recruter des travailleurs attentifs. Cette difficulté à trouver de la main d’oeuvre bon marché existait déjà en Europe et aux USA, et la situation ne va pas en s’améliorant. L’âge moyen d’un ouvrier d’usine de production aux USA est de 56 ans. Les gens ne veulent pas de ces emplois.
Vous savez, il m’arrive, lors de mes conférences, d’être confronté à des gens en colère qui me disent que les robots volent leurs emplois. Je leur demande alors : “voulez-vous que vos enfants travaillent dans des usines ?” La réponse est négative. “Mais alors, qui sont les gens dont les enfants méritent de travailler dans les usines ? Si vos enfants sont trop important, quels enfants devraient travailler dans des usines ? Vous savez, les gens ne creusent plus le sol avec leur main car aujourd’hui y a des machines pour cela.
Shy Robotics : On y voit là la notion de croissance et d’augmentation de la valeur ajoutée des individus. C’est le principe des révolutions industrielles qui nous ont permis d’atteindre notre niveau de vie.
Rodney Brooks : Exactement !
Shy Robotics : Comment la robotique s’est-elle invitée dans votre vie ?
Rodney Brooks : J’étais cet enfant si bizarre qu’à l’âge de sept ans, ma mère m’a offert deux livres américains, que j’ai toujours : l’un sur l’électricité et les ordinateurs, et l’autre sur les cerveaux géants. J’utilisais le premier pour comprendre le fonctionnement des circuits électroniques, et le second pour me familiariser avec les ordinateurs. A l’époque, je voulais déjà construire des robots mais c’était trop mécanique. Je n’étais pas suffisamment bon pour la mécanique. J’ai réussi à construire mon premier robot à seize ans et je n’étais pas convaincu par le résultat. L’alignement des moteurs et autres éléments était trop complexe pour moi.
Shy Robotics : Et aujourd’hui, vous êtes plus impliqué dans les affaires que dans la technique ?
Rodney Brooks : En effet, je ne touche pas directement au produit. En revanche, je participe au prototypage que je montre aux ingénieurs. Mais j’aime encore tout ça ! Je faisais de la programmation dans ma chambre d’hôtel avant de venir ici.
Shy Robotics : Ah oui ? Avec quel langage ?
Rodney Brooks : Lisp, bien sûr !
Shy Robotics : Ce langage est plus adapté à l’intelligence artificielle, n’est-ce pas ?
Rodney Brooks : C’est surtout le langage que j’ai appris très jeune. Nous restons avec ce que nous commençons. Mais récemment, j’ai appris le javascript !
Shy Robotics : (Je retiens ma respiration et choisi d’éviter de lui demander la raison pour laquelle il programme en Javascript)
En ce qui concerne vos publications, j’ai vu que vous vous concentrez souvent dans votre travail sur des principes que vous avez décrit dans votre publication de 1986 : « A robust layered control system for a mobile robot. » Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
Rodney Brooks : La toute première fois que j’ai présenté ce travail, c’était en France.
Shy Robotics : A Paris ?
Rodney Brooks : Non, à Chantilly !
Shy Robotics : Le principe, c’est de changer la manière dont les automates fonctionnaient en les transformant en robots intelligents avec différentes tâches tournant en parallèle. Je ne me trompe pas ?
Rodney Brooks : Oui, l’idée était d’avoir des couches de calcul qui fonctionnent tout le temps. Et les bras de Baxter, par exemple, ne peuvent jamais entrer en collision. Ainsi quand vous saisissez le bras de Baxter, vous pouvez le bouger vers l’autre bras mais vous ne réussirez jamais à les faire bouger tous les deux au même endroit en même temps. Ce sont les tâches de bas niveau, qui sont les plus prioritaires, qui se chargent de vérifier la sécurité du matériel. Donc, quand vous faîtes quelque chose au niveau des couches supérieures, vous n’avez pas à vous soucier du fait que les mains puissent se tamponner car les couches de bas niveau rendent cela impossible.
(Explication en anglais à 22:03)
Shy Robotics : Donc, depuis ces publications, vous vous êtes intéressés aux principes de priorité d’exécution…
Rodney Brooks : Oui, les fonctions de bas niveau…et c’est vraiment directement la manière dont les robots sont programmés.
Shy Robotics : Je pensais à la sécurité du système pour les humains. Quand les humains le dirigent, on ne sait pas directement ce qui va se produire au niveau du logiciel car les tâches fonctionnent en parallèle. Celà peut créer un danger, non ?
Rodney Brooks : Non, il y a un niveau qui contrôle les autres. A chaque fois qu’il bouge, Baxter ressent les forces appliquées sur chaque articulation et les compare à ses prévisions grâce à une matrice jacobienne. En premier lieu, il ne s’agit pas d’un robot très fort. Pour le démontrer, hier, j’ai placé ma tête sur la trajectoire du bras du robot qui m’a alors heurté ; je vais toujours aussi bien ! Cette stratégie ne pourrait pas être appliquée à un robot de 100kg de charge utile car la puissance est différente.
Shy Robotics : J’ai également pris connaissance de votre publication “A subdivision algorithm in configuration space for Findpath with Rotation” (1982) qui donne plus un point de vue sur le mouvement qu’un robot peut effectuer en suivant différentes contraintes…
Rodney Brooks : Ah, ça c’était il y a très longtemps et depuis, beaucoup de personnes ont travaillé sur le sujet. C’est devenu un principe logiciel courant aujourd’hui. Jean-Paul Laumont, à Toulouse, Tom Gruber au laboratoire de robotique de Stanford, des gens de l’université de New York, des gens du MIT, beaucoup de gens ont travaillé là-dessus. Jacob Stuart était aussi quelqu’un de très important à l’université de New York. Tous les logiciels qui font ça maintenant sont développés par d’autres personnes. Et il y a de nombreuses bibliothèques logicielles couramment utilisées.
Shy Robotics : Et cela n’a pas de rapport avec la manière dont Baxter bouge ?
Rodney Brooks : Baxter utilise certaines de ces bibliothèques.
Shy Robotics : Pour créer un robot tel que Baxter qui va partager des tâches avec des êtres humains, d’après vos publications, la neurobiologie, l’éthologie, la psychophysique et la sociologie ont un rôle important pour améliorer l’expérience utilisateur. Votre société intègre-t-elle ces métiers ?
Rodney Brooks : Il y avait certainement des personnes qui travaillaient sur ces points au MIT. A Rethink Robotics, nous n’avons pas toutes ces disciplines, mais nous nous basons biensûr sur l’expérience de l’utilisateur. Nos équipes ont ces bases et cela a été intégré dans les IHM. L’esthétique est très importante également. Pour donner un exemple, l’apparence d’un produit comme Baxter constitue une promesse pour l’utilisateur. Lorsque vous prennez conscience de celà, vous avez intérêt à comprendre et respecter cette promesse car dans le cas contraire vous risquez de froisser vos clients. Si vous construisez un robot qui ressemble à Einstein, il doit être aussi intelligent qu’Albert Einstein. Donc, on ne doit pas donner à Baxter un air trop intelligent car il n’est pas très intelligent ! Il doit paraître fiable parce qu’il est fiable, il a une certaine conscience du monde, mais il n’est pas aussi intelligent qu’une personne. Certaines sociétés japonaises essaient de faire des robots qui ressemblent exactement à un être humain mais c’est loin de nos ambitions. Nous utilisons le jugement de l’utilisateur pour ajuster l’apparence du robot.
Shy Robotics : D’accord…
Rodney Brooks : Et il y aussi des gens qui se demandent pourquoi on ne peut pas en parler comme d’une personne, pourquoi ce n’est pas un homme ou une femme, pourquoi on ne peut pas lui attribuer un genre. Je réponds que c’est une chose et qu’il doit être considéré comme une chose ! Si on le personnifie, alors on en fait aussi la promesse et je ne sais vraiment pas quelle type de promesse les robots pourraient avancer avec une apparence humaine. C’est pourquoi, je le considère comme une chose en utilisant le pronom personnel « it » en anglais.
Shy Robotics : Dans la marine, on utilise le pronom personnel féminin “she” pour désigner les navires. Cela ne vous fait pas douter sur l’idée d’une personification ?
Rodney Brooks : Non, non, c’est une chose et on emploie « it ».
Shy Robotics : Très bien. Pour Baxter, vous avez utilisé le système d’exploitation ROS (Robot Operating System). Avez-vous eu un gros travail d’adaptation ? Avez-vous du impémenter des modules supplémentaires pour arriver à vos fins ?
Rodney Brooks : Oui, nous avons implémenté davantage de fonctions. Il y a même certaines fonctions que nous avons développées à une époque et que d’autres ont également implémenté et partagées. Nous sommes précisément en train de réévaluer notre implémentation pour savoir si nous n’utiliserions pas finalement ces nouvelles fonctions open sources plutôt que les notres. Beaucoup de personnes ont travaillé sur ROS depuis sa création, et on trouve beaucoup d’alternatives à nos fonctions aujourd’hui, à tel point que nous devons constamment nous demander si nous gardons nos propres adaptation ou si utilisons celles de la communauté open source.
Shy Robotics : D’accord, ce qu’apporte la communauté open source est plutôt positif. Du coup, le code d’informatique implémenté pour Baxter est-il open source pour contribuer à votre tour ?
Rodney Brooks : Non, mais à partir de l’année prochaine, nous aurons des API qui permettront aux développeurs d’améliorer Baxter.
Shy Robotics : Les développeurs n’auront donc pas accès au code mais pourront exploiter les fonctions que vous aurez développées. Connaissez-vous la communauté des Makers ?
Rodney Brooks : Oui, bien sûr !
Shy Robotics : L’idée de cette communauté, c’est de tout partager et de rédiger des guides, des tutoriels, permettant à n’importe qui d’apprendre à produire la même chose que ses membres. Que pensez-vous de cette philosophie ?
Rodney Brooks : Eh bien, ça marche pour certaines choses mais quand vous êtes dans un secteur compétitif, vous ne faîtes pas cela. Pour les laboratoires de recherche, nous avons vendu une version de Baxter qui utilise des logiciels open source différents de la version vendue aux sociétés. C’est une plateforme très ouverte pour la recherche.
Shy Robotics : Pensez-vous que les makers sont limités dans leur champ d’application ?
Rodney Brooks : Imaginez que les passagers d’un avion d’affaire soient réalisés par la communauté des Makers. Pensez-vous que cela serait possible ? Nombre de nos clients, dans les usines, utilisent des imprimantes 3D low cost pour imprimer de nouvelles interfaces pour remplacer les mains d’origine. Cela encourage entre autre les utilisateurs de Baxter à construire des mains, c’est plus personnalisé. Mais c’est, à mon sens, réservé pour ces fonctions de bas niveau effectivement.
Shy Robotics : Que pensez-vous des réseaux de neurones ?
Rodney Brooks : Ils ont été lancés il y a un moment maintenant. Ils ne sont même pas réellement neuronaux. Ce sont des réseaux ! Ils sont inspirés par la biologie, c’est du bon travail. Mais je pense qu’il est un peu exagéré de dire que ce sont des copies précises des neurones d’un cerveau. Ils sont inspirés par une certaine connectivité. Mais le problème le plus connu est que cette propagation de l’information n’a rien à voir avec le cerveau. Ca ne se passe pas comme dans le cerveau.
Shy Robotics : Avez-vous pu comparer les débuts de l’intelligence artificielle avec les travaux portant sur les réseaux neuronnaux commencés en 1943 avec Walter Pitts, Warren McColloch, Russell et Whitehead avec ceux des années 1980 à aujourd’hui ?
Rodney Brooks : Oui, mais en fait, si vous lisez les premiers articles de Walter Pitts sur ce sujet, vous vous rendez compte qu’ils étaient inspirés par l’analogie entre les portes logiques électroniques et les neurones. C’était une drôle de modélisation. Tout cela est apparu dans les années 50 et 60 et a changé les méthodes de mesure indépendamment des méthodes de statistiques. Et à la fin des années 60, il y eu les perceptrons et des personnes comme Minsky. Mais je pense qu’ils n’étaient pas très justes dans leurs théories parce qu’ils ont posé des contraintes : « vous ne pouvez pas faire toutes ces choses avec des réseaux de neurones ». Ces contraintes étaient trop restrictives, il manquait une certaine rigueur académique. Plus tard, dans les années 70 et 80 les choses restaient encore à un niveau assez général. Ces idées nous guident encore aujourd’hui et Watson d’IBM les exploite… beaucoup des principes comme le machine-learning sont fondés sur ces idées. Un autre groupe de personnes a poussé les réseaux de neurone au niveau de la conception électronique d’un ordinateur.
Shy Robotics : Ca fonctionne bien ?
Rodney Brooks : Hm…j’en serais surpris. Je crois que parfois ce que l’on prétend et les généralisations qui sont faites sont simplement surestimés.
Shy Robotics : Ok. (je m’intéresserai au Deep Learning dans les prochains mois pour comprendre les limitations qu’il évoque…)
En ce qui concerne les emplois, il y a une grande discussion car beaucoup de gens pensent que les robots volent les emplois. Quel est votre point de vue ?
Rodney Brooks : Et bien, je pense qu’au contraire nous n’aurons jamais suffisamment de robots ! Je pense qu’en Europe, en Chine, en Amérique du Nord, nous avons vraiment besoin de robots pour prendre soin des personnes âgées car nous sommes dans une période d’évolution démographique importante. Par exemple, ma mère est dans un établissement de soin pour personnes âgées, elle ne peut plus marcher et elle a besoin de gens pour l’aider à se laver, s’habiller, aller au toilette, aller au lit, se lever. En Australie, ces personnes qui assistent les personnes âgées ont d’autres ambitions et ne font ce travail qu’en dépannage pendant quelques mois. Ce n’est pas un super emploi… Vous voyez, quand les personnes âgées vont au toilette et tout ce genre de chose… Et donc, il n’y a pas de dignité pour ma mère. Souvent, ces emplois sont pris par des immigrés qui ne parlent pas même pas anglais et ils ne communiquent pas facilement avec les patients. Elle n’aurait même pas de dignité si en tant que fils, je l’aidais à aller au toilette. Et je serais tellement gêné… Ce serait tellement gênant si je l’aidais. Et donc, là je vois pleinement le rôle que peut jouer une machine qui permet à la personne âgée de garder sa dignité, et contrôler sa vie. Même pour aller au lit, ma mère doit attendre que la personne soit là. Elle n’a pas le choix ! Et parce que je vieillis, je veux avoir le contrôle de ma vie, et avoir une machine pour m’aider, un robot. Cela sera important, je pense.
Shy Robotics : Pensez-vous que l’on puisse généraliser cette relation entre les robots et les hommes ? J’ai récemment lu une étude qui faisait la comparaison entre deux types d’établissements hôspitaliers : Ceux dont les infirmières sont régulièrment changées de services pour éviter de s’attacher aux patients, et ceux dont les infirmières ont la possibilité d’être plus humaines et attentives. Il en résulte que les résultats sont meilleurs dans ce dernier cas. Si on pouvait parler en terme de productivité et d’efficacité, les patients les mieux traités s’en sortent le mieux et plus rapidement.
Rodney Brooks : Oui, pour les fonctions corporelles, il faut que les personnes puissent avoir toute leur dignité. Et je ne dis pas que les robots puissent devenir des compagnons, pas du tout, ce sont des machines. Vous savez, j’aime mon lave-vaisselle, mais je ne le considère pas comme un compagnon. Quand j’étais enfant, nous n’avions pas de lave-vaisselle, et donc, mon père lavait et moi, j’essuyais la vaisselle. Il y avait une inter-action sociale. Mais c’est terminé.
Shy Robotics : Lorsque l’on regarde les robots industriels, on constate qu’il sont très honnéreux pour de petits commerces comme les boulangeries, etc. Qu’est-ce qui rend votre Baxter si abordable ?
Rodney Brooks : Oui, parce que les premiers robots industriels ont été installé en 1961, à l’époque où un ordinateur remplissait une pièce entière. On a suivi une série d’étapes. Les capteurs étaient très chers, les caméras valaient des milliers de dollars… Les robots industriels étaient aveugles et stupides. Et ils sont restés dans la même optique et exempts de tout système intégrés à des capteurs de vie. Et donc, quand vous achetez des robots industriels, vous achetez une mécanique programmable sans caméra ni logiciel. C’est au client de trouver le logiciel et les capteurs quelque part, et de faire cohabiter le tout ensemble. Dans la plupart des cas, les robots industriels répètent indéfiniement les mêmes actions. Je soutiens que Baxter n’est pas un robot industriel, il relève d’une catégorie différente car il a un logiciel intégré ; vous lui montrez la tâche et il effectue la tâche. Il n’est pas très intelligent, mais a un peu de bon sens. La plupart de nos clients ne disposent pas de robots industriels, parce qu’ils n’ont pas de dispositions pratiques pour avoir des robots. Notre client le plus petit aux USA, qui utilise des robots industriels, se situe dans le Tenessee et il s’agit d’une société de neuf personnes. Ce sont des robots sans automatisme, mais ils fonctionnent.
Shy Robotics : Pensez-vous que vous allez influencé le monde des robots industriels ?
Rodney Brooks : Je l’espère bien !
Shy Robotics : Depuis les années 90, le concept des entreprises qui construisaient des produits en masse a changé, et les entreprises se concentrent désormais sur la fidélisation de leurs clients en créant des gammes de produits destinés à des communautés. Ce nouveau concept est le One to One business. Finalement, Baxter est un robot adaptable au client final. On n’est plus avec une plateforme avec une lourde personnalisation à réaliser par le client, mais avec un robot qui répond facilement à ses attentes, ce qui se rapproche de la philosophie qui consiste à partir du besoin du client plutôt que celle qui vise à lui fournir une mécanique de masse. Ils sont très adaptables et peuvent effectuer des tâches complètement différentes en fonction du client de façon relativement simple et ainsi commencer avec une tâche et poursuivre avec une autre.
Rodney Brooks : Oui, ils sont très adaptables et peuvent effectuer des tâches complètement différentes en fonction du client de façon relativement simple. Ils sont sériellement anonymes…ah ! ah ! je n’avais pas pensé à cette expression auparavant.
Shy Robotics : Mais finalement la manière dont vous utilisez vos robots peut influencer les robots industriels, vous pourriez finalement les remplacer…
Rodney Brooks : Eh bien….pas directement, vous savez. Encore aujourd’hui, les robots industriels reposent sur une informatique centralisée du passé, le mainframe. C’est comparable à l’avènement de l’informatique lorsque l’on discutait via des terminaux avec un calculateur centralisé. Ils représentaient des marchés de niche qui aujourd’hui sont devenus dominants avec la transformation de l’informatique centralisé vers l’informatique autonome.
Shy Robotics : (C’est amusant de constater que nous revenons en arrière avec le principe du Cloud aujourd’hui.)
Rodney Brooks : Ca a pris beaucoup de temps quand on regarde le passé. Je ne peux pas m’imaginer que l’on aurait pu utiliser des robots industriels actuels il y a quinze ans. Ce serait fou ! On ne peut pas reculer en arrière et espérer trouver les smartphones actuels. On ne peut pas non plus se dire : oh, si seulement j’avais un téléphone stupide comme avant. C’est terminé. C’est dépassé, dépassé à jamais !
Shy Robotics : Il est donc difficile d’évaluer l’effet disruptif de robots comme Baxter. Comment votre société, Rethink Robotics, est-elle organisée ?
Rodney Brooks : Eh bien, de façon traditionnelle, au sens où nous avons une équipe d’ingénieurs, une équipe de production, nous ne fabriquons pas du tout les robots, nous sous-traitons. Ensuite, nous avons le marketing et la vente et les ressources humaines. Nous sommes très conventionnels.
Shy Robotics : Et pour ce qui est de l’organisation de l’équipe qui travaille sur l’innovation et la conception du Baxter… ?
Rodney Brooks : Il y a une tension, une bonne tension entre le marketing et les ingénieurs. Et donc de la confiance, je dirais. Tout le monde dans la société voit les chaînes de production. Tout le monde ! Certains directeurs de projet se rendent à l’usine pour recueillir les questions liées aux améliorations éventuelles du produit. D’autres prennent des mesures, pèsent les choses, et ils reviennent avec une liste des problèmes que les gens rencontrent. Les rôles sont bien répartis. Si vous demandez directement aux ouvriers ce qu’ils veulent, ils vous parleront de fonctions qu’ils ne connaissent pas assez bien, ils parleraient de quelque chose qu’ils ne construiront jamais. La clé est de les écouter et de comprendre ce dont ils ont besoin. Mais la vraie difficulté, c’est de faire avancer l’équipe d’ingénieur par rapport à cela. La plupart des gens posent des questions sur ce qu’ils ont déjà vu dans d’autres sortes de produits.
Shy Robotics : Qu’avez-vous appris de la société iRobot ?
Rodney Brooks : Je vais vous dire quelque chose à propos de deux concepts : l’interface utilisateur et le prix. Il y a beaucoup de projets qui ont échoué par négligence de ces deux points. Mais ceux qui ont réussi, ce sont le Roomba et le PackBot qui a été utilisé à Fukushima au milieu des radiations. Sur la première version du Roomba, il y avait trois boutons : « S », « M », et « L » et il y avait un guide utilisateur qui expliquait ce que ces lettres signifiaient. Problème : Personne ne lit les manuels d’utilisation. La première confusion a consisté à se demander ce à quoi correspondait « S », « M », et « L ». Pour nous c’était clair, cela signifiait : « small room » (petite salle), « medium room » (salle moyenne) et « large room » (grande salle). Une nouvelle question apparaîssait alors : « suis-je dans une petite ou une grande salle ? ». Pour les ingénieurs de l’époque, cela faisait sens. Mais les utilisateurs ne comprenaient pas ce que cela signifiait. Sur le côté du Roomba, il y avait un interrupteur permettant la mise sous tension du robot. Les utilisateurs ne comprenaient pas le bouton, dans le sens où ils ne comprenaient pas quelle position était « on » et laquelle était « off ». Donc maintenant, lorsque vous regardez un Roomba, le « on » est en plein milieu ! Il est vert et c’est écrit « nettoyer » ! c’est tout. Il y a quelques autres boutons que vous pouvez utiliser si vous lisez le manuel plus en détail, mais la fonction principale est de « nettoyer », c’est tout. Les gens ne veulent pas être ennuyés par ce type de question, le nettoyage du sol n’est pas un travail à forte valeur ajoutée. Ces questions n’intéressent que les ingénieurs !
Concernant le Packbot, le robot militaire d’iRobot, nous avions un concurrent anglais dans le Massachusetts, QinetiQ. Environ la moitié des robots en Afghanistan et en Irak étaient achetés à cette société. Nous, iRobot, étions pourtant si supérieurs ! Les iRobots étaient numériques, et les technologies utilisées par notre concurrent étaient vieilles, analogiques. Pourtant, quand on a interrogé les soldats, ils préféraient les robots concurrents aux nôtres. Pourquoi ? Parce que leurs interfaces utilisateurs (IHM) étaient plus simples. La réponse de notre ingénieur fût que nous devions nous adresser à des utilisateurs plus intelligents. Et ça, c’était impossible. Nous avions affaire à des enfants de dix-neuf ans qui sortaient du lycée et qui avaient coutume de voir passer des balles en essayant de lancer des bombes devant leurs consoles de salon, et qui se retrouvaient à faire la même chose en vrai. Donc la question que nous devions nous poser était : comment concevoir nos robots pour ces jeunes de dix-neuf ans ? A quoi s’attendaient-ils ? Et donc nous devions nous inspirer de leurs manettes de jeux habituelles lorsque nous imaginions nos robots. L’ancienneté de nos ingénieurs ne leurs avaient pas permis d’identifier les IHM utilisées par les jeunes. Une fois l’interface remaniée, en cinq minutes de formation à la place de deux mois, ils arrivaient au même niveau qu’avec les anciennes technologies de contrôle. Vous connaissez peut-être Linux, ce n’est pas forcément très utile de maîtriser ce système, il faut se concentrer sur l’accès direct aux fonctions dont ils ont besoin.
L’autre chose que j’ai apprise, c’est le pouvoir de la distruption par le prix, parce que le Roomba n’était pas le premier phénomène de robotbacking, Electrobox en avait un en 2002 qui valait 2000 euros. Ensuite nous avons sorti un produit qui faisait la même chose pour 200 euros, ce qui a totalement déstabilisé notre concurrent. Pour en arriver à ce résultat, nous avons commencé par demander à l’utilisateur combien il pouvait dépenser pour un robot aspirateur et la réponse était 200 dollars. Nous avons commencé la conception sur cette base. Nous avons choisi le prix d’abord.
Shy Robotics : C’est la manière dont on construit un business-plan ?
Rodney Brooks : Oui. La question est de savoir comment vous le rendez facile à utiliser pour les utilisateurs et comment vous rendez le prix disruptif.
Shy Robotics : Quelle est votre vision de la robotique pour ces cinquante prochaines années ?
Rodney Brooks : Dans la conférence que je donnerai demain, je vais utiliser une image de la mercedès classe S 2014 et je vais demander : « Qu’est-ce que c’est ? » Et il y a des gens qui vont me répondre « une voiture », « une mercedes », etc. Je répondrai, « non, c’est un robot pour personne âgée ! » Il aide les personnes à conduire plus loin qu’elles n’auraient pu le faire sans voiture. Sous bien des aspects, cette voiture est proche du véhicule autonome que l’on imagine pour l’avenir, et cela le rend fiable.
Lorsqu’on regarde l’ensemble des personnes qui travaillent dans les usines, on se rend compte que l’âge a beaucoup augmenté puisque l’ouvrier moyen a 56 ans et il y a des personnes âgées qui travaillent à l’usine. Et donc je pense que l’avenir sera fait de la collaboration. Les BMW, les Mercédès seront également dotées de capteurs qui les rendront autonomes. Mais tout cela n’est pas encore prêt.
Shy Robotics : Considérez-vous les robots comme un objet de la communauté des objets connectés ?
Rodney Brooks : Je pense que cela sera de plus en plus vrai, oui. Et avec cela arrive la question de la sécurité. Comme on le sait, internet est un vecteur pour les virus et hackers en tous genres et est utilisé par la CIA.
Shy Robotics : Que pensez-vous de la connectivité des robots entre eux et des robots avec le reste du monde, l’internet… ?
Rodney Brooks : Je pense que cela va être de plus en plus le cas. La manière dont vous téléchargez un logiciel sur votre ordinateur, dont on le récupère et dont on l’insère dans le robot…la version actuelle de Baxter n’a pas de connexion en réseau. Pourquoi ? Eh bien, nous avons parlé de petites usines aux USA, ils n’ont pas de connexion au sein des usines. Nous attendons donc qu’elles aient l’accès au réseau avant de connecter notre robot. Il faut procéder de la sorte pour que cela soit opérationnel. Mais au cours du temps, les choses changent.
Shy Robotics : Ok. Eh bien, nous avons maintenant terminé les questions. Je vous remercie très vivement pour cet entretien.
Source : Shy Robotics
La version courte sera disponible dans le numéro de Planète Robots du mois de janvier 2015.
Merci beaucoup pour cet article. Les questions que vous avez posé sont très pertinentes et démontrent que vous maîtrisez votre sujet, cela fait plaisir à lire. Très bonne continuation !