Cela fait quelques années maintenant que nous partageons la joie de la révolution technologique à travers la robotique. Je vous ai présenté des concepts de tous types : Les humanoïdes, les drones, les robots d’assistance sous toutes leurs formes, les robots d’expérimentation au sein des laboratoires, les exosquelettes, les robots industriels, les robots médicaux, etc. L’évolution de la robotique dans le monde laisse penser qu’un jour nos usines ne seront plus peuplées que par des êtres mécatroniques, que nos foyers seront gardés et entretenus par des assistants dignes des films de science fiction, que les personnes âgées gagneront en mobilité grâce aux solutions telles qu’Asimo et Roméo, et que la voiture deviendra le moyen de déplacement le plus sûr grâce à son autonomie. Certains contributeurs en ont même oublié les besoins primaires des populations les plus pauvres, tels que l’alimentation et l’hygiène, en leur proposant un accès à des services dont le coût est à des années lumières de leurs capacités de dépense.
Au milieu de ce rêve qui était jusqu’à peu limité au domaine de la recherche, on oublie souvent qu’une industrie est motivée par des intérêts financiers. Et lorsque l’argent se mêle à un sujet, de nouvelles questions naissent : Où est la responsabilité en cas de défaillance d’un robot ? A-t-on vraiment intérêt à ce qu’une défaillance se fasse connaître en cas de beug ? A partir de quel moment peut-on dire qu’un système est sécurisé et prêt à la vente ? N’essaie-t-on pas de vendre du rêve dans un monde où les consommateurs sont souvent déçu des produits qu’ils achètent ?
Aujourd’hui, la robotique atteint le grand public et naturellement, ce sont des questions qui naissent et qui sont posées aux contributeurs de cette science. Dans de futurs articles et dossiers, j’essaierai de répondre à ces questions en m’alliant à des représentants de la loi, des industriels, des laboratoires et des passionnés.
Pour faire appel à votre esprit critique, je vais attirer votre attention sur le robot Da Vinci qui a contribué à quadruplé les investissements des hôpitaux américains dans la robotique entre 2007 et 2011. Da Vinci est le robot chirurgical lancé en 2000 et commercialisé par la société Intuitive Surgical. Doté de quatre bras, et d’une vision 3D capable de zoomer très proche du point observé, il est spécialisé dans l’opération de l’abdomen. Il réduit les imprécisions de l’opération en filtrant les tremblements que le praticien pourrait avoir pendant l’opération. Comme la majorité des robots médicaux, il assiste le praticien ; il ne le remplace surtout pas. D’une part parce que la responsabilité de l’opération ne peut en aucun cas, aujourd’hui, incomber à un robot. Et d’autre part, parce que nous sommes encore très loin de la complexité et de la précision nécessaires à la maîtrise d’une opération chirurgicale par un robot.
En Mars 2009, Erin Izumi subit une opération chirurgicale assistée par le robot Da Vinci. 10 jours plus tard, la patiente est ramenée d’urgence à l’hôpital où les médecins constatent des déchirures causées par le robot pendant l’opération. Le constructeur, Intuitive Surgical, oubliera de déclarer cette anomalie dans les 30 jours à l’organisme Etatique concerné, la FDA (Food and Drug Administration). Il reconnaîtra l’affaire en mai 2012…
The Journal for Healthcare Quality met en avant 174 complications et 71 décès déclarés à la FDA, dans lesquels Da Vinci aurait été impliqué sur plus d’un million de procédures en 10 ans. Au regard des complications que l’on peut rencontrer couramment dans un hôpital sans robot, ces chiffres ne sont pas forcément alarmants. Cependant, il est possible que de nombreuses autres affaires aient été maintenues sous silence : Les chercheurs de Johns Hopkins, célèbre université américaine, ont trouvé des exemples d’opérations ratées non déclarées à la FDA. En 2010, un sondage anonyme effectué par le Dr. Makary au-près de patients opérés par Da Vinci a révélé que 56,8% d’entre eux avaient eu des complications (176 personnes interrogées). Le doute plane donc sur la sécurité d’utilisation des robots chirurgicaux. Et la France est concernée puisqu’en 2011, entre autre, 20% des ablations de prostates furent réalisées à l’aide d’un da Vinci.
Bien que ces informations soient alarmantes, n’oublions pas que la surexploitation des personnels médicaux implique régulièrement des erreurs humaines. Le robot étant contrôlé par un opérateur humain qui voit tout ce qu’il fait en temps réel grâce à une caméra et un zoom, on attirera ici votre attention sur le niveau de responsabilité de l’utilisateur par rapport à sa machine… A suivre !
Sources : New York Times