Il aura fallu une crise sanitaire mondiale pour que nous assistions à la renaissance d’un citoyen moteur, dont la motivation première est d’aider son prochain, d’avancer en communauté et de reconnaître la valeur du travail de ses paires. Un citoyen qui semblait avoir troqué son identité contre celle du consommateur économe, et qui propose désormais son aide aux personnes fragiles, aux hôpitaux, aux soignants et à tous ceux qui œuvrent pour surmonter la crise du Coronavirus au péril de leurs vies.

Entre la Réserve Civique, Instant Visio, l’initiative Open Covid de Dassault Systèmes, les hackathons Covid19, les initiatives associatives, les groupes de veille médicaux, … les plateformes comme covid3d.fr et les outils en ligne se sont créés de toutes part pour faire converger les initiatives. De nombreux projets initiés ou relancés dans le but de combattre le Covid19 sont référencés sur https://covidbase.com/. Parmis eux, le projet Open Source de respirateur artificiel et les masques de protection imprimés en 3D ou découpés grâce à des CNC, à destination des soignants subissant des ruptures de stocks.

Le site covid-initiatives.org tente de recenser les initiatives françaises pour attirer les bonnes volontés.

Le développement rapide de ces outils et plateformes n’est pas un hasard. C’est parce que ce mouvement citoyen qui s’accélère aujourd’hui prend le relais d’un mouvement grandissant depuis 12 ans, qui rassemble des millions de personnes à travers le monde. C’est le mouvement des « Makers » (les « faiseurs » en anglais). Un mouvement bienveillant, inclusif et ouvert qui intègre aussi bien les associations écologistes que l’industrie 4.0 dont il est cité comme le père.

Qu’est-ce que le mouvement des Makers ?

Avez-vous déjà ressenti ce pouvoir qu’il y a en vous lorsque vous prenez conscience de votre capacité à créer et à contribuer ? Ce moment où la motivation vous prend à tel point que vos mains produisent ce que vous n’auriez jamais imaginé être capable de réaliser ? Lorsque vous commencez à imaginer toutes les possibilités qu’offre ce nouveau pouvoir qui se cachait en vous et qui vient de vous être révélé ?

Si vous connaissez ce pouvoir, vous êtes peut-être un Maker (oui, tous les Makers ne savent pas qu’ils en sont !). Certains diront du Maker que c’est un artisan passionné et créatif, professionnel ou amateur. D’autres diront que c’est un Geek qui exploite l’électronique et les technologies digitales pour réaliser tout un tas d’inventions utiles, rigolotes, démonstratives ou simplement à but de se former. D’autres encore diront que le Maker se positionne dans l’enseignement car l’une de ses caractéristiques majeures est qu’il partage et permet à d’autres d’apprendre et de refaire. On entendra aussi qu’il s’agit d’une population débrouillarde et connectée, qui a choisi de prendre son destin en main plutôt que de le déléguer à une administration (vieillissante) désincarnée. Une population qui a compris que les individus isolés n’étaient pas grand-chose, mais que tous rassemblés, nous pouvions réaliser des miracles. Ce qui donne un nouveau souffle à la vision du citoyen, acteur au sein de sa communauté.

A chaque définition, on prend le risque d’oublier une catégorie de Maker, mais ne pas communiquer sur le sujet des Makers, c’est conserver un voile sur ces citoyens 2.0 qui se comptent désormais par millions à travers le monde. Un mouvement révolutionnaire qui cohabite intelligemment avec le système établi, qui rassemble des personnes créatives, passionnées et engagées qui apprennent, qui créent et qui partagent dans l’intérêt du collectif, et avec la vision de la connaissance comme d’un bien commun.

Ce mouvement est à l’origine de la démocratisation de l’imprimante 3D, des drones, des casques de réalité virtuelle, des FabLabs, des tutoriels en ligne, de l’Open Source et l’Open Hardware, etc. C’est lui qui a accéléré le développement des espaces de co-working qui se sont démultipliés à travers le monde derrière les noms de « tiers lieu », « makerspace », « hackerspace », et « fabLab ». C’est le mouvement des Makers que l’on observe lorsque l’on visite une « Maker Faire », ou lorsque l’on assiste à un combat de robots. Ce sont des Makers que l’on écoute quand l’on assiste à des conférences expliquant des solutions simples à apporter pour améliorer l’environnement ; des jardins partagés aux tiny houses. Ce sont des Makers que l’on regarde quand on lance une vidéo explicative sur Youtube. C’est le mouvement des Makers que l’on intègre dès lors que l’on répare plutôt que de jeter, que l’on crée plutôt que d’acheter, que l’on aide plutôt que d’ignorer. Ce mouvement est en effet à la source d’une nouvelle philosophie de vie et de travail.

De façon générale, nous résumerons les Makers en trois verbes : apprendre, créer et partager. Ces verbes incarnent la valeur clé qu’est l’engagement ; un Maker « fait » ! Vous trouverez dans la vidéo ci-dessous une courte définition du Mouvement Maker qui précède l’explication des conférences Show me the Maker lancées en novembre 2018.

Vous trouverez également un documentaire complet sur le mouvement dans la vidéo ci-dessous. Elle mériterait d’être mise à jour, complétée et améliorée, mais elle apporte déjà beaucoup d’informations.

Apprendre, créer, partager

Le Maker est un être d’action. Les valeurs du Maker sont pour lui ce que le plat cuisiné est à la recette de cuisine. Elles ne se développent que si des actions concrètes sont menées pour y aboutir. La recette tient en trois verbes : ApprendreCréer et Partager. La connectivité offerte par Internet se mêle à l’échange physique pour chacune de ces actions, ce qui donne une puissance et un visage très neuf à la circulation, la compréhension et la mémorisation de l’information. Il suffit de partager les valeurs listées dans cet article et d’agir selon la recette de ce cycle vertueux pour être un Maker. Tout Maker ne sait pas qu’il est un maker, et comme tout passionné ou tout expert, la communication n’est pas forcément sa première qualité. C’est la création qui rassemble et qui engendre automatiquement des discussions et débats.

Apprendre : pour la curiosité et la création

Le Maker apprend par curiosité, par besoin de créer ou pour son développement personnel. Autodidacte, il va chercher l’information à la fois grâce à des outils comme Internet, dans les bibliothèques, et en interrogeant son entourage. Certains lisent beaucoup, d’autres ignorent les livres et vont directement chercher des experts qui leur transmettent ce qu’ils savent. Certains Makers suivent des formations universitaires sans aller jusqu’au diplôme simplement parce qu’ils vont glaner des connaissances avec une idée de projet précise. D’autres Makers vont bidouiller dans un coin, consulter les forums, se rendre à des événements pour échanger autour des thématiques qui leur plaisent ou pour trouver des solutions à leurs problématiques. Le but étant simplement de créer, quel que soit le résultat et l’utilité. On les appelle les « geeks » !

D’autres encore suivent une évolution un peu moins studieuse en profitant du potentiel développé par Internet. Apprendre à l’ère d’Internet réveille un nouveau paradigme de développement personnel. Une enseignante à Kehl, en Allemagne, m’a fait part d’une expérience qu’elle a eu avec un petit lituanien de 6 ans qu’elle avait accueilli dans sa classe en 2017. Alors qu’il ne maîtrisait pas encore l’Allemand, il s’est adressé à elle en anglais. Deux mois plus tard, lors de la réunion entre parents et professeurs, l’enseignante a fait part de son admiration pour le niveau d’anglais de l’enfant à ses parents. Ceux-ci ne savaient pas que leur enfant parlait anglais… il avait appris sur Youtube en regardant des vidéos.

Le développement personnel joue un rôle important car il permet de mieux se connaître, et ainsi de mieux s’intégrer à une communauté ; d’en comprendre les règles. Ce développement passe beaucoup par l’interrogation, la remise en question, l’observation et l’essai. L’échec devient une expérience qui peut être racontée pour permettre à la communauté d’avancer. C’est de l’apprentissage collectif.

Créer : pour l’accomplissement de soi et l’application de l’apprentissage

Régulièrement, lorsque l’on présente les Makers, on les décrit comme créatifs, passionnés de fabrication et de DIY (Do It Youtself : Faire soi-même). La Maker Faire, le festival des Makers, recense par exemple des adeptes de technologie, des artisans, éducateurs, inventeurs, hobbyistes, ingénieurs, auteurs, artistes, étudiants et passionnés de sciences en général. Le magazine Make:, dont le fondateur est Dale Dougherty, le père du Web 2.0, a donné la dimension que l’on connaît aujourd’hui au mouvement. Ce magazine a pour but de promouvoir le DIY (Do-It-Yourself, le « faites le vous-mêmes ») et le DIWO (Do-It-With-Others, le « Faites le avec les autres »). La fabrication, la construction et la concrétisation sont donc au cœur du mouvement des Makers. Cette nouvelle vision de la production, de la consommation et de la valorisation de l’unique et du travail de l’humain a amené le célèbre Chris Anderson à parler de nouvelle révolution industrielle.

Pour ceux qui maitrisent l’anglais, voici une interview que Dale m’a accordé lors d’une Maker Faire. Ma première question : « a-t-on besoin d’une crise pour avoir des Makers ? »

Les Makers créent au sens de concrétiser, fabriquer, construire, rendre réel ce qu’ils ont imaginé, ou tentent de copier ce qu’ils admirent ou trouvent pratique. Il y a pléthore d’exemples de créations. La plateforme instructables en expose une bonne quantité. On parle autant de technologie avec l’imprimante 3D et les drones, que de constructions en carton, d’œuvres littéraires, et d’actions pour le climat. La thématique ou le sujet n’influence pas la définition du Maker car c’est vraiment la notion de création qui compte. Et de plus en plus, la tendance écologique influence les choix de création. Le projet POC21 qui avait été lancé à l’occasion de la COP21 est un exemple. Aujourd’hui, on parle des Hackathons contre le Coronavirus dans le cadre de la crise sanitaire.

Voici ci-dessous un projet de Maker qui est devenu un projet d’entreprise engagée. Il s’agit d’un groupe d’amis qui a créé une technologie capable de rendre de la mobilité aux personnes ayant perdu l’usage de leurs membres ; cela grâce à la plasticité cérébrale.

Partager : pour offrir et recevoir

La notion de partage est une évidence chez les Makers. Elle ne se discute pas ; au point d’être souvent oubliée dans les présentations. Les Makers partagent sous mille et une formes. Que ce soit en virtuel sur les forums en ligne, les chaînes Youtube, les blogs et sites Internet, les réseaux sociaux ; ou en réel dans les tiers lieux avec des ateliers, conférences comme Show me the Maker, foires et salons comme Maker Faire ou Makerland. L’imagination ne manque pas pour à la fois transmettre ce que l’on a appris en créant, récupérer des critiques pour s’améliorer, apprendre des autres membres de la communauté des Makers, et tout simplement partager de bons moments conviviaux.

L’origine des Makers : des humains, des valeurs, des outils

Le mouvement des Makers est apparu en 2005 et a connu une très forte croissante pendant la crise de 2008. Il est né de la convergence de six tendances importantes : la popularisation de l’artisanat à travers le « Craft », l’engouement croissant pour le Do It Yourself, le succès des licences et outils Libres et Open Sources du monde de l’informatique, la démocratisation des nouveaux moyens de communication autour d’Internet et des objets connectés, l’émergence des tiers lieux, et l’accessibilité des moyens de production grand publics tels que l’imprimante 3D.

Entre 2008 et 2011, le monde est frappé d’une crise économique sans précédent. De nombreux américains perdent leur maison et se retrouvent à la rue. Des entreprises ferment, des banques font faillite, le pessimisme l’emporte. Dans le même temps, une solidarité se développe pour surmonter ce moment difficile. Des populations se rassemblent dans les garages, cafés et jardins pour trouver des solutions. Des solutions de première nécessité comme les tiny houses et les jardins partagés, mais également des solutions comme le Bitcoin qui n’attendait qu’à être mis au-devant de la scène. Il propose une alternatives au système bancaire actuel et révèle la technologie blockchain qui promet de rendre une confiance perdue dans tous les secteurs d’activité.

Dale Dougherty a observé cette multitude d’initiatives, de personnes de tous milieux qui se rassemblaient pour surmonter la grande crise qu’ils venaient de subir pour reconstruire ensemble, et a trouvé le nom du mouvement : « Makers ».

Le mouvement a gagné en visibilité grâce aux lieux dans lesquels les futurs Makers ont commencé à se rencontrer : les hackerspaces et makerspaces. C’est pourquoi Dale défini le mouvement des Makers comme le passage du Do It Yourself (faites-le vous-mêmes) au Do It With Others (faites-le-ensemble).

Grâce à ce nom et aux valeurs évidentes qui découlent de ce mouvement, des événements ont pu être lancés pour donner l’occasion aux Makers de se retrouver physiquement et d’exposer leurs créations ; c’est la naissance des Maker Faires, de grandes foires où d’étranges robots cohabitent avec des plantes et créations utiles, folles ou simplement rigolotes. Les valeurs du mouvement des Makers se déclinent à travers le bien commun, la bienveillance, l’engagement, la différence, la reconnaissance,  la soif de découverte et le droit à l’erreur.

L’artisan, le premier Maker

Le premier Maker est l’artisan passionné. Un métier qui rend chaque création unique, et qui encourage certains à se surpasser toujours plus. Même si certaines demandes sont répétitives, l’artisan laisse une partie de lui dans chacune de ses créations et s’intéresse au défi d’y mettre toujours plus pour le plaisir de son art et l’émerveillement qu’il provoque autour de lui. Car l’artisanat mélange ce côté créatif et la proximité avec ceux qui voient ou qui utilisent ses créations.

Il y a là une véritable valorisation de l’humain que l’on a complètement oublié dans ce monde parallèle qu’est l’industrialisation. L’un raconte une histoire pour donner de la valeur tandis que l’autre en raconte une autre pour retirer un coût. Ce sont deux mondes qui cohabitent, qui s’inspirent, qui s’utilisent, mais qui ne vivent pas la production du même œil. La programmation informatique est un nouvel artisanat, on y retrouve l’art de l’unique avec une capacité supplémentaire, celle d’augmenter la capacité de création d’autres personnes…

Le Craft

Le « craft » valorise les métiers et passions manuelles qui nécessitent des expertises de l’ordre de l’artisanat. Il correspond à une tendance où le « fait maison » et « fait main » reprennent une importance après avoir été placés dans l’ombre de l’industrie qui a permis la fabrication à bas coût et en quantités importantes. L’histoire du créateur fait désormais partie de l’histoire de l’objet.

Cette tendance rend à l’humain toute sa valeur en tant qu’être créatif, ce qui nous amène à la valeur de la reconnaissance. La reconnaissance, c’est le fait de ne jamais oublier les contributeurs, et de les citer lorsque leurs réalisations sont utilisées ou exposées. Dans le mouvement des Makers, c’est également le fait d’agir au nom d’une communauté et non en son nom propre, car une partie des savoir faire nous ont été transmis. Le mouvement Maker voit dans la capacité à fabriquer, à réparer, à savoir faire et à comprendre les fonctionnements, la liberté de pouvoir se débrouiller seul ; c’est aussi une fierté qui se cache derrière la soif de découverte, une valeur perceptible à travers la curiosité, l’observation, le questionnement continu, la remise en question, l’apprentissage… bref, l’exploration.

Le DIY

Le DIY, ou le « Faites-le-vous-même », est un mouvement né dans les années 1960, qui consistait à reprendre le pouvoir (et la liberté) en fabricant soi-même et en expliquant aux autres comment en faire de même. Ce mouvement s’opposait à une philosophie de société sur six axes majeurs que sont le bien commun, la fabrication, la culture, l’empathie, le local et la collaboration. Le bien commun et la fabrication, que nous développerons plus tard, sont peut-être les axes le plus important du DIY. Et lorsqu’on parle de fabrication, il s’agit de faire soi-même, vite et pas cher, et de ne pas s’infliger le délai qu’une administration pourrait imposer, ou le coût d’une trop grande ambition à court terme. C’est un modèle un peu frugal pour reprendre les termes à la mode actuellement, qui insiste sur cette valeur qu’est l’engagement.

L’engagement, c’est remplacer les grands discours par des mots simples et des actions. Ne jamais promettre sans s’être assuré de la faisabilité, et donner le meilleur de sa personne pour que les projets et créations se réalisent. Le mouvement du DIY tente de développer des métiers qui correspondent à sa philosophie. L’idée est que ses membres puissent prendre plaisir à développer une idée, à la concrétiser, et à partager le résultat librement avec les autres. Ils prennent pleinement en main leurs « missions » et leur personne. Cela va en opposition avec l’intégration d’un poste par opportunité, le développement induit de son incompétence – car dans la philosophie du DIY c’est le partage qui augmente la compétence et la valeur de chacun – et la recherche d’un plaisir à l’extérieur.

Dans le DIY, l’axe de la culture a beaucoup de similitudes avec ce qui a créé la tendance du Craft. Le développement des industries a impulsé une volonté de tout normaliser pour garantir des délais, des coûts, une qualité, une sécurité et une reproductibilité. Cela a permis de développer les secteurs d’activité que l’on connaît aujourd’hui, et de bénéficier de services révolutionnaires tels que ceux offerts par l’informatique ou les avions.

Cependant, cette dynamique a pris une telle ampleur qu’elle a influencé la façon d’aborder les populations en tant que masses. On parle alors de la culture et la psychologie des masses où l’on tente de normaliser les comportements et consommateurs pour qu’ils soient plus modelables et prévisibles. Le mouvement DIY s’oppose au principe selon lequel le consommateur doit se fondre dans un moule ; il s’oppose au fait que tout le monde veuille acquérir le même objet, et à ce que tout le monde ait les mêmes sensibilités et les mêmes besoins. Car le danger est d’amener les populations vers une culture de l’intolérance où les individus sont tous normalisés, et où la prise de risque est interdite.

Le DIY intègre donc les nombreuses cultures alternatives qui souhaitaient se détacher de ce mode de fonctionnement. Il met en valeur les complémentarités et la richesse de l’interculturalité. Ceci renforce les valeurs du droit à l’erreur, qui encourage la prise de risques dans la création, et de la différence développée plus tard.

De façon à répondre à des besoins différents, l’empathie est une qualité primordiale. C’est d’abord la capacité de se mettre à la place d’une autre personne pour ressentir ce qu’elle ressent ; c’est également une réaction de solidarité liée à ce ressenti. L’objectif des membres du mouvement DIY est d’être en mesure d’apporter des réponses à des besoins précis grâce aux échanges humains ; de donner le sentiment à chacun d’être écouté, entendu et considéré. Il y a dans le DIY une volonté d’entraide sans nécessité de réciprocité, ce qui s’oppose également à un système où l’on va systématiquement chercher à facturer les services rendus. Le retour du bâton étant de devoir payer lorsque l’on a soi-même besoin d’un service.

Ceci rompt donc fortement avec la stratégie industrielle qui est de développer une nouveauté pour l’imposer à la masse qu’est la population. Cependant, depuis les années 1980, cette stratégie a cessé de fonctionner. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’offre a dépassé la demande.  Les entreprises ont progressivement dû s’intéresser aux besoins réels des populations, ou à la façon d’en créer. On parle alors de « One to One business ». Cependant, le besoin est ici à considérer comme relatif à une capacité d’achat ; si la capacité d’achat est nulle, il n’y a pas de besoin sur le marché. En considération de cette nouvelle démarche, l’industrie a développé une nouvelle forme d’empathie ; plus automatique. Il s’agit désormais de normaliser des comportements commerciaux qui amènent à donner confiance au consommateur, et à obtenir son avis pour prendre des décisions en adéquation avec ce qu’il achètera à l’avenir. Le marketing est au cœur de cela, et on parle du funnel illustré ci-dessous.

Face à ce besoin industriel de toujours vendre plus de biens pour faire croitre des bénéfices, le DIY valorise le service, le recyclage et la réutilisation pour prolonger la vie des objets. On parle également de surcyclage (upcycling) quand on augmente la valeur du bien recyclé.  Il s’agit de réduire au maximum le gâchis en encourageant la réutilisation, plutôt que d’encourager l’achat de gadgets neufs. On reprend le pouvoir sur ce que l’on consomme. Dans le monde des Makers, on dit « if you can’t open it, you don’t own it » ce qui signifie que l’on ne possède réellement que ce sur quoi on peut agir et faire des choix alternatifs. Un mouvement parallèle s’appelant « low tech » prône la simplicité à l’extrême pour encourager une industrie durable.

Face à l’automatisation de l’empathie qui intégrait pleinement la valeur de la bienveillance, la création locale devient un argument de poids pour recréer un lien humain. Le local permet de conserver une identité propre et d’obtenir une reconnaissance directe de la population. On parle aussi de cultures locales. Pour le DIY, il s’agit de faire face à l’émergence massive des grandes enseignes, à la diminution de la qualité constatée dans les biens et services, et à la disparition de la capacité de choisir.

A partir du moment où une grande enseigne devient incontournable, le choix lui est délégué. Lorsque la concurrence entre petits commerçants est encouragée, alors la proximité avec le consommateur est plus forte. De plus, lorsque les commerces sont locaux et diverses, la relation humaine prime sur la vente à court terme.

Il y a l’idée que le commerçant voit son écosystème local plutôt que l’intérêt d’actionnaires éloignés qui n’ont d’yeux que pour les chiffres. Cette proximité touche profondément aux interactions de ceux qui font et ceux qui achètent, mais également à la collaboration de ceux qui produisent.

Le Libre et l’Open Source

Les mouvements du Libre (Free) et de l’Open Source datent des années 1990 et se concentrent sur le logiciel. Ils sont lancés par trois grandes figures que sont Richard Stallman, Eric Raymond et Linus Torvald. Richard Stallman lance d’abord le mouvement du Libre, et Eric Raymond le modifie pour le rendre plus commercial. Linus Torvald, quant à lui, est l’inventeur de Linux, le système d’exploitation qui tourne derrière Android, de nombreux systèmes embarqués et sur les serveurs qui font fonctionner Internet.

Dans le monde de l’informatique, on différencie le code du logiciel en l’appelant « code source », du logiciel que l’on lance sur un ordinateur en l’appelant « binaire ». En cuisine, le code source serait la recette du gâteau, tandis que le binaire serait le gâteau. En architecture, la distinction est la même entre les plans de la maison et la maison ; en musique, on parle de partitions et de son ou morceau joué ; en théâtre, de texte et de pièce ; en électronique, de schéma structurel et de carte électronique. Le code source du logiciel est écrit par les développeurs, et le binaire est exécuté par l’ordinateur. Le premier est compréhensible par le commun des développeurs logiciels, tandis que l’autre est une transformation du code produit par le développeur en un code composé de 1 et de 0 directement lu par l’ordinateur.

Le Libre répond à quatre caractéristiques majeures. Il permet l’utilisation d’un logiciel et de son code pour tout usage, la dissection pour étudier son fonctionnement, la modification pour adaptation ou amélioration, et la copie et la distribution à volonté. L’Open Source concerne plus spécifiquement le code source d’un logiciel.

L’une des différenciations majeures faites entre le commerce « standard » et le commerce « Libre et Open Source », c’est que l’un vend des copies pendant que l’autre vend de l’unique. Pendant qu’un éditeur lambda de logiciel, dit propriétaire, va produire un logiciel et tenter d’en vendre un maximum de copies, un éditeur Open Source met à disposition son logiciel de façon libre et « gratuite », et va facturer les évolutions nécessaires à apporter pour répondre à un besoin précis, ainsi que le support associé (installation, formation, maintenance, etc.).

En un sens, un logiciel Open Source est plus pérenne qu’un logiciel propriétaire car les ressources humaines qui gravitent autour sont à l’échelle de la planète ; pendant qu’un logiciel propriétaire est lié à l’existence d’une société, de ses aléas et choix politiques. Il y a là une idée de décentralisation et de développement de communautés pour travailler sur la base du nouveau modèle maillé que propose Internet : travailler en réseau plutôt qu’en silo. La décentralisation pourrait être une valeur à part entière, mais nous la classons derrière la différence qui donne un sens plus large.

Une seconde différenciation majeure est que pendant qu’un éditeur de logiciel propriétaire va se valoriser sur le secret de sa recette de cuisine, l’éditeur d’un logiciel open source va se valoriser sur la reconnaissance qui lui a été donnée grâce à l’impact de sa solution et de ce qu’il a partagé. Ses nombreuses publications de code informatique et sa capacité à rassembler la communauté font de lui une référence et par conséquent, une organisation très sollicitée. Dans le secteur de la cuisine, on distingue les industriels qui vont vendre des plats préparés et autres aliments composés à la chaîne comme les pâtes à tartiner, et les chefs qui vont sans cesse inventer et publier leurs trouvailles pour en faire bénéficier une large population. Ces derniers sont récompensés par des étoiles dans les guides, des médailles, des ventes de livres, des sollicitations par la communauté des grands chefs étoilés ou des communautés locales, etc.

Vous trouverez une explication vidéo de ce qu’est l’Open Source dans la vidéo de l’intervention de Jean-Marc qui a participé à notre événement Show me the Maker.

Le Libre et l’Open Source sont ces deux mouvements qui ont donné au bien commun un nouveau visage, et qui l’ont associé à des règles strictes listées dans des contrats de licences. C’est pourquoi le bien commun s’ajoute aux valeurs fortes du mouvement des Makers qui a étendu les licences Open Source à tout matériel sous la dénomination Open Hardware.

Le bien commun, c’est cette considération de toute connaissance, de toute découverte, de tout apprentissage comme une chose qui se doit d’être partagée pour faire avancer tout le monde. Il est au cœur d’une prise de conscience ; celle que partager nous permet d’avancer mieux et plus vite. Celle que les ressources sont limitées, que ce soit dans un environnement professionnel ou au sens écologique du terme, et que leur exploitation ou leur dégradation nous impacte tous. Et celle que construire ensemble nous offre une reconnaissance sociale qu’il est difficile de trouver autrement.

Le bien commun, c’est tout ce que nous partageons et devrions considérer comme appartenant à l’ensemble de l’espèce humaine. Il est souvent fait référence à la connaissance, au copyleft et aux creative commons, avec une opposition forte aux notions de brevet et d’économie de la connaissance qui vont plutôt bloquer la connaissance si elle n’est pas échangée avec une contrepartie. Contrairement aux partisans les plus proactifs du Libre, ceux de l’Open Source, qui ont une vision plus commerciale, comprennent que tout ne peut être partagé ouvertement et que les écosystèmes sont plus forts en cohabitant ensemble.

Les nouveaux moyens de communication : Web 2.0 et IoT

Le Web 2.0 a été décrit pour la première fois par Dale Dougherty et Tim O’Reilly comme le web participatif ou web social en 1999. Le Web 2.0 propose un Internet qui n’est plus simplement consultatif mais également le centre d’interactions dans tous les sens. Ce Web 2.0 a fait émerger une façon nouvelle de gérer l’information et son environnement, au point de faire émerger ce que l’on appelle désormais la « pensée en réseau » avec les forums, réseaux sociaux, et plateformes en tout genre. Les individus ne cherchent plus à posséder l’information mais plutôt à savoir où la retrouver. Ils ne cherchent plus à tout savoir mais plutôt à intégrer une communauté dont les membres sont complémentaires. Ceci amène à une bienveillance naturelle.

La bienveillance, c’est découvrir que l’autre pense différemment de soi, que chacun a des qualités différentes ; c’est être à l’écoute de l’autre, faire preuve d’empathie pour mieux l’accompagner, et faire preuve de tolérance. C’est accepter de recevoir, ne pas oublier de contribuer lorsque l’on intègre une communauté, et être transparent.

Ces interconnexions à grande échelle permettent désormais à des personnes de toutes nationalité d’échanger ensemble sans ne s’être jamais vu grâce à une navigation sur la toile par centres d’intérêt. Les nouvelles générations sont pleinement conscientes que des cultures très différentes cohabitent sur la planète. Les différences deviennent dès lors des sujets de discussion passionnants qui donnent l’envie constante de découvrir de nouvelles personnes.

La différence est donc aussi une valeur importante qui consiste à se remettre constamment en question et à accepter que plusieurs courants de pensée co-existent. C’est considérer le fait qu’être de sexes, couleurs, tailles, classes sociales, convictions politiques, ou métiers différents nous dote de sensibilités et capacités différentes. Ce qui rassemble les Makers, ce sont évidemment les valeurs communes, mais c’est aussi ce qui peut parfois les mettre en opposition.

Progressivement, le Web 2.0 peuplé d’humains accueille les machines et devient 3.0 avec l’intégration des Smartphones et objets connectés (l’Internet of Things). Les créateurs d’objets électroniques peuvent désormais connecter et interconnecter leurs créations, et l’on voit de plus en plus de projets en ligne qui donnent la possibilité d’un contrôle à distance de robots, de caméras, etc.

Les cartes Arduino et Raspberry Pi sont les cartes électroniques les plus populaires utilisées pour arriver à ces fins, et permettent à des enfants de 10 ans de créer leurs propres objets connectés. C’est une véritable révolution de la créativité !

L’Internet mobile et la génération Y

L’Internet mobile a joué à rôle majeur dans le développement du mouvement des Makers. En 2008, les Smartphones voient leurs ventes décoller et augmentent la capacité des populations à communiquer en instantané ; c’est comme si l’humanité avait toujours rêvé d’un tel pouvoir. On parle désormais de la pensée en réseau. Les communautés naissantes commencent à soutenir des projets plus conséquents tels que la location de lieux de travail – les Makerspaces – , l’achat de machines de fabrication telles que les CNC, imprimantes 3D et machines de gravure laser. Des moyens de plus en plus importants sont nécessaires pour soutenir les projets les plus ambitieux ; c’est la naissance des plateformes de financement participatif comme Kickstarter, Ulule et Kisskissbankbank.

On parle bientôt de la génération Y, qui a la lourde tâche de trouver un sens à la vie humaine. Un sens qui permette d’éviter de reproduire les erreurs passées. Un sens qui permette à tout un chacun de jouir d’un emploi dont il est fier, et de consommer responsable.

Les recruteurs ne s’y retrouvent plus car il ne suffit plus d’amadouer les nouvelles générations avec un salaire décent et une table de babyfoot, ils doivent désormais démontrer que l’entreprise est engagée dans cette grande transformation qui mettra tout le monde sur un même pied d’égalité et de transparence. Si cela n’est pas pris en compte, le citoyen Y s’en va et boycotte. Car c’est ce système qui existe depuis trop longtemps qui lui a volé l’assurance d’une vie et une fin de vie décentes. Il voit ses grands parents abandonnés par la société, ses collègues plus âgés critiquer constamment la hiérarchie sans jamais agir, et l’indécision ronger la motivation des plus engagés.

En parallèle, les anciens vivent la disparition de leurs métiers, savoir-faire et traditions. Ce phénomène a déjà été vécu pendant l’exode rural lors des révolutions industrielles. Les enfants ne faisaient plus le même métier que leurs parents. Aujourd’hui, la technologie et les nouveaux usages poursuivent cette influence, ce qui met une nouvelle fois à mal le principe même de la transmission aux jeunes générations.

Désormais, jeunes et moins jeunes se dotent du désir de la transmission et du partage, et certaines expertises deviennent des passions. Nous avons par exemple vu d’anciens professionnels du chantier naval de Nantes se reconvertir dans le spectaculaire avec les très réputées Machines de l’île.

Cette horizontalisation des relations entre jeunes et moins jeunes crée des quiproquos qui sont rapidement résolus lorsqu’un regard bienveillant leur est associé. L’évolution des mentalités et l’engagement des Makers donne progressivement vie à des « success stories » (réussites qui font parler d’elles).

Massimo Banzi, qui avait pour seule ambition d’améliorer la vie de ses étudiants en design en leur offrant une carte électronique clé en main, se voit à la tête d’une communauté mondiale gigantesque. Sa carte Arduino et la « concurrente » Raspberry Pi sont utilisées pour réaliser les premiers drones et premières imprimantes 3D destinés au grand public. Vous trouverez un extrait de notre interview ci-dessous.

De nombreuses villes se dotent progressivement de jardins partagés, les nouvelles constructions adoptent des technologies durables et peu coûteuses pour l’environnement, les marches citoyennes aux revendications de grande ampleur se multiplient, le RSE nait ; le monde montre un nouveau visage, les citoyens veulent reprendre le pouvoir par l’action.

L’émergence des tiers lieux : Du virtuel au réel

Les tiers lieux sont des lieux en sus du chez soi et de l’entreprise. Cela peut être la salle de sport où on se retrouve après le travail, le café où une conférence est organisée, un espace de coworking lorsque l’on télétravaille, et plein d’autres choses qui rassemblent des personnes autour de thématiques communes. La définition évolue et se différencie en fonction des communautés ; elle se recentre de plus en plus sur les espaces de création et de production.

Pour les Makers, on distingue quatre types de tiers lieux : les espaces virtuels de partage, les Makerspaces, les hackerspaces et les espaces éphémères comme les salons ou foires.

Les espaces virtuels sont là où les Makers peuvent retrouver un maximum de personnes partageant les mêmes passions qu’eux pour avancer sur leurs projets ou simplement échanger. On distingue les forums, les tutoriels diffusés dans la plupart des cas sur des blogs personnels, mais également sur des plateformes plus centrales comme Instructables ; on distingue également les plateformes de partage de codes sources comme SourceForge et GIT qui offrent des outils dits de versioning. Le versioning garantissant à tout moment la traçabilité des modifications et auteurs.

Le mouvement Maker est également une transition des façons d’aborder le digital. Là où auparavant nous étions isolés derrière notre ordinateur, nous nous retrouvons désormais dans des lieux physiques. Cette transition s’illustre avec les hackerspaces dont le développement s’est accéléré depuis 2007. Il s’agit de lieux créés par des communautés pré-existantes qui se rencontraient et se rassemblaient soit parce qu’elles avaient des moyens de communiquer localement, soit sur Internet ou grâce à Internet dans des cafés, des garages, des squats ou espaces prêtés. Les hackerspaces ont pour but de rassembler physiquement des communautés et de partager les frais liés à la location ou l’achat de matériels qui peuvent être mis en commun ; on pense notamment aux découpeuses lasers, CNC, imprimantes 3D, fraiseuses numériques, espace physique d’échange des savoirs, etc.

Les Makerspaces sont le résultat du constat du succès des hackerspaces. Lorsque l’on a vu à quel point il était bénéfique de rassembler les communautés dans des espaces créatifs et de partage, l’idée est venue de créer des lieux pour les attirer et en créer physiquement de nouvelles. C’est dans cette dynamique que la charte FabLab s’est largement répandue. FabLab, c’est une charte créée par Neil Gershenfeld en 2001 au sein de la célèbre université américaine MIT (Massachusetts Institute of Technology), qui donne des règles communes à appliquer à un tiers lieu de type Makerspace ou hackerspace, si ses administrateurs souhaitent le nommer FabLab. Le premier FabLab a vu le jour au Media Lab du MIT en 2001, la charte a été actualisée en 2012, et est désormais diffusée sur http://fab.cba.mit.edu/about/charter. Un FabLab est la plupart du temps animé et administré par des bénévoles dans un cadre associatif, sur leur temps de disponibilité. En 2014, le MIT a abandonné l’idée de lister tous les FabLab officiels et a cédé ce rôle à fablabs.io, co-fondé par l’Union Européenne.

De nombreux administrateurs de lieux nomment désormais de façon automatique leur Makerspace « FabLab » par abus de langage. D’autres, ne conservent que l’extension « Lab » et le complètent de façon créative.

Le TechShop est une version professionnalisée du Makerspace créée en 2006 par Jim Newton et Ridge McGhee. Il s’agit d’une entreprise dont l’image s’est diffusée à travers le monde grâce à des licences « TechShop ». Les TechShop doivent respecter des critères beaucoup plus rigoureux que les FabLabs. Ils fournissent un accompagnement cadré à leurs membres. Les membres des TechShop doivent suivre des formations avant d’utiliser les machines, et bénéficient de l’attention d’experts lorsqu’ils en ont besoin. Puisqu’il s’adresse en grande partie à des professionnels, le TechShop sert également d’espace de co-working avec des openspaces, salles de réunion et de conférences. Malgré plusieurs centaines de milliers de clients à travers le monde, les TechShop ont fini par mettre la clé sous la porte en février 2018, laissant la main aux sociétés alternatives qui n’ont cessé de se multiplier.

De nombreux lieux dédiés aux Makers se sont donc développés sous différentes formes à travers le monde, mais ce qui fait la fierté d’un maker, c’est aussi de pouvoir montrer ses créations et d’obtenir des retours de l’écosystème et du grand public ; il a besoin de confronter ses créations pour obtenir soit une reconnaissance, soit des pistes d’amélioration pour continuer à apprendre et s’améliorer. Pour répondre à ce besoin, non content d’être le père du Web 2.0 et celui qui a nommé le mouvement des Makers, Dale Dougherty est également l’initiateur en 2007, avec Sherry Huss, des Maker Faires ; d’énormes foires organisées régulièrement à travers le monde pour permettre aux Makers d’exposer. Inspirés au départ par le Burning Man américain initié en 1986, ce sont des événements conviviaux, généralement sur trois jours, pendant lesquels il est possible d’assister à des conférences, visiter les stands des Makers, pratiquer le DIY grâce à des ateliers pratiques, et surtout échanger avec tout le monde librement. Certains stands sont à but commercial, et ce sont ces stands-là, en plus des sponsors officiels, qui paient pour rendre possible l’événement.

La Maker Faire s’adresse à tous les publics, et à tous les environnements. Elle est arrivée en France depuis San Francisco à Saint-Malo, avant de rejoindre la capitale Paris, puis Lille. Lille étant la ville du siège social de Leroy Merlin, sponsor officiel et détenteur des licences des Maker Faires en France. C’est pourquoi le nom de la société est cité un maximum de fois par les organisateurs de la Maker Faire en France pendant les interviews.

Suite au succès des Maker Faires dans les plus grandes villes du monde, une licence dédiée aux plus petites villes et villages a été créée pour différencier leurs dimensions. Il s’agit de la licence « Mini Maker Faire ». Progressivement, des alternatives à la Maker Faire se développent, et on entend de plus en plus parler de « Maker Land » à Strasbourg, de « Make me fest » à Anger, de « Fablab Festival » à Toulouse, et de plein d’autres événements.

Comment alors suivre l’agenda des événements des Makers ? L’indépendance et la décentralisation des événements n’a pas que des avantages, et il est désormais important de savoir se renseigner et suivre l’actualité. Le plus simple, si les affiches ne sont pas encore posées dans les rues, est de trouver le hackerspace ou le makerspace le plus proche de chez soi et d’aller interroger ses membres qui sont sûrement impliqués dans la préparation de l’événement. Des médias comme Makery se proposent quant à eux de référencer ces lieux pour que leur recherche soit simplifiée.

Lorsque vous assistez à ces salons, ne vous attendez pas à un événement ultra cadré car ce sont souvent des bénévoles qui donnent de leur temps pour créer ce moment de partage entre les Makers et le grand public. La bienveillance et la tolérance sont donc de mise, et votre aide pourrait même être sollicitée pour déplacer une table ou garder un stand le temps d’une pause technique.

En plus de ces foires qui permettent de montrer et de discuter, il y a également des événements dont l’objectif est purement la transmission et l’entraide. C’est le cas des Install Fest issues de l’Open Source, et des Open Bidouille Camp dont la charte est diffusée à l’adresse https://openbidouille.net/charte-obc. Moins éphémères, certaines associations dont des FabLab, proposent ce genre d’ateliers toute l’année. Une Maker Box, dans le même esprit que les coffrets Smart Box a même été lancée pour offrir des séances de création à des proches.

On comprend ici qu’il y a aujourd’hui deux visions très distinctes d’Internet. Il y a la vision de l’Internet qui a détruit l’emploi et augmenté la croissance de monopoles dont la tendance avait préalablement été lancée par les supermarchés, puis poursuivie par les hypermarchés ; l’internet qui permet de commander pour beaucoup moins cher ailleurs, et qui a rompu toute relation entre l’acheteur et le magasin. Et il y a la vision d’un Internet beaucoup plus humain et collaboratif, qui rapproche des personnes partageant les mêmes valeurs et passions à travers le monde. Un Internet au sein duquel le monde de demain s’invente.

L’accessibilité des moyens de production

Pendant longtemps, lorsque l’on pensait Maker, on pensait à imprimante 3D. C’est parce que l’imprimante 3D grand public est née de ce mouvement, et que les possibilités de création qu’elle offre sont tellement incroyables qu’elles ont attiré l’attention de l’ensemble des communautés et médias. Le DIY a vécu la même situation avec les drones. Alors que ce mouvement concernait avant tout les objets du quotidien, c’est le rêve d’Icare – le rêve de voler librement dans les airs – qui a largement accéléré la diffusion de son image.

L’histoire de cette fameuse imprimante 3D grand public est cependant très représentative de l’influence et l’importance du mouvement des Makers à l’échelle de la planète. Elle montre à quel point l’implication de bénévoles et passionnés peut être à la fois diffuseur de valeurs profondément humanistes tout en étant génératrice de milliers d’emplois, avec un impact économique positif considérable.

En 2002, Massimo Banzi était professeur de « Physical Computing » (design d’interaction) dans une école de design à Ivrea, en Italie. Cette matière consistait à apprendre à de futurs designers à imaginer l’interaction de demain avec les objets du quotidien de plus en plus électroniques et connectés. Massimo Banzi et ses étudiants vivaient une grande frustration car ils passaient plus de temps à régler des problèmes d’électronique que répondre aux problématiques au cœur de la matière enseignée. Massimo Banzi a alors l’idée de créer une carte électronique standardisée dont il diffusera les plans sur Internet, associée à un langage et une bibliothèque de programmation simples. Le but étant de retirer un maximum de freins dans le développement de ses étudiants. Il ajoute à cet ensemble des tutoriels pour simplifier au maximum l’exploitation des cartes électroniques et du code informatique lié. Le premier prototype de cet ensemble s’appelle Programma et nait en 2003. Il ne rassemble aucune communauté car l’objectif est d’abord de servir les cours de Massimo Banzi. Il prend conscience ensuite que se rapprocher du mode de fonctionnement du monde Open Source peut lui permettre d’améliorer de façon significative son invention. Il prend alors contact avec des professeurs d’autres universités dont David Cuartielles, d’origine espagnole, qui enseigne le design d’interaction dans une université suédoise. Deux étudiants, David Mellis et Nicholas Zambetti, sont joints au projet. Massimo Banzi contacte Tom Igoe, célèbre professeur de design d’interaction au sein de l’université de New York, aux Etats Unis.  C’était le premier à véritablement partager tous ses outils pédagogiques en ligne en accès libre. Le projet Arduino rassemble désormais une communauté grandissante et donne naissance au concept d’Open Hardware : l’Open Source appliqué au matériel comme l’électronique. Les plans des cartes Arduino, le langage associé et les tutoriels sont désormais accessibles à tous sur Internet.

En 2006, une rencontre est organisée au Chili. Elle rassemble une communauté de personnes travaillant dans le domaine du design d’interaction. L’une des équipes présentes avait réalisé 26 cartes Arduino ; un travail considérable. A la suite de cet événement, Massimo Banzi se renseigne pour pouvoir fournir des cartes clés en main plutôt que de simples plans sur Internet. Il rencontre alors un ingénieur industriel qui l’oriente vers des usines de production parmi lesquelles il trouvera son premier partenaire. En dix ans, 1,5 millions de cartes sont vendues à travers le monde et le site Internet d’Arduino compte 5 millions de visiteurs uniques tous les 3 mois. Ceci en ayant laissé la possibilité à n’importe qui de réaliser la carte électronique lui-même chez lui ou dans un makerspace.

Progressivement, la communauté d’Arduino se développe. Les utilisateurs partagent leurs créations sur le forum d’Arduino, sur Youtube, sur des blogs indépendants et par l’intermédiaire de nombreux autres moyens de diffusion. Les tutoriels expliquant comment faire tel ou tel objet à base d’Arduino se multiplient. Certains objets sont marrants, d’autres sans véritable utilité, quelques-uns sont des imitations d’objets du quotidien déjà existants, et d’autres encore sont créés pour tester des idées. Certaines idées sont à but purement créatif, et d’autres à but commercial.

Et c’est parmi cette variété d’objets que se présente la première imprimante 3D destinée au grand public : La RepRap 2.0. Elle a été créée suite à la tombée du brevet dans le domaine public. A sa naissance en 2005, elle n’intégrait pas du tout la carte Arduino. Il s’agissait d’un projet de développement à bas coût d’une imprimante 3D qui devait être capable de s’imprimer elle-même, avec une orientation Open Design. Un autre mot pour le Open Hardware. C’est suite à l’intégration de la carte Aduino que cette imprimante pu devenir facilement réalisable par n’importe quel bidouilleur. Les imprimantes 3D faites maisons se multiplient alors à travers le monde, elles s’améliorent, les technologies se diversifient et deviennent de plus en plus robustes, et des sociétés commencent à se créer pour en vendre. La société Ultimaker est créée en 2011. L’un des fondateurs, Siert Wijnia, organisait des événements RepRap avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Aujourd’hui, l’imprimante 3D Ultimaker a une large concurrence et est devenue accessible aux familles les plus modestes. Soit grâce à son prix déjà très bas, soit parce qu’elle équipe de nombreux makerspaces. Ces premières imprimantes 3D en ont inspiré d’autres aussi bien dans l’industrie que dans le garage de particuliers. On parle d’imprimantes 3D dans la restauration, dans la biotechnologie, dans le bâtiment avec l’impression d’habitations, chez les dentistes pour réaliser des prothèses, dans l’alimentation pour imiter la viande, dans l’aéronautique pour créer des pièces plus précises et légères, etc. Avant l’apparition de ces imprimantes 3D accessibles, les industriels utilisaient l’impression 3D de façon minutieuse dans le cadre de prototypages dont le coût était à justifier.

Massimo Banzi est à l’origine de cet effet boule de neige, et de nombreux autres Makers pourraient être cités pour leurs réalisations et leurs impacts. Massimo Banzi n’aime pas être cité directement lorsque l’on parle d’Arduino, car selon lui, ce résultat est le succès de toute une communauté. C’est aussi ça être Maker : comprendre que la réussite est liée à nos relations, à l’environnement dans lequel on se trouve, et à l’écoute et la bonne volonté de ceux qui sont confrontés à l’idée et au projet de création.

Il ne s’agit pas d’un succès personnel mais d’un succès partagé. Le même type d’histoire pourrait être racontée autour des CNC, graveuses laser, et tous les autres outils des Makers. Les outils dont le coût est resté élevé ont été acquis par les hackerspaces et makerspaces. Certaines entreprises ont ouvert des services en ligne pour accéder au potentiel des outils de production d’où que l’on soit dans le monde. Les outils dont le coût est devenu accessible ont été acquis directement par les Makers. C’est donc le mélange de la connectivité et de l’accessibilité des moyens de production qui a accéléré les créations des Makers et augmenté leur influence. On peut désormais faire facilement et à moindre coût chez soi.

Vous trouverez ci-dessous l’interview de Paul Benoit qui a inventé un radiateur qui chauffe votre habitation en faisant du calcul, entre autre pour les laboratoires de recherche. Il a pu tester ses premiers prototypes grâce à des cartes Arduino.

L’influence des démocraties et entreprises

La complexe démocratie

Nous assistons aujourd’hui à un grand débat international sur l’avenir des démocraties. Il y a des projets et visions très différentes de ce que cela peut ou devrait être. Et parmi les projets proposés, il y a celui du peuple représenté par l’Etat, et celui du peuple représenté par les entreprises. Curieusement, si le bien commun n’avait pas une telle importance chez les Makers, et si le mouvement n’avait pas été accéléré par la crise financière de 2008, la tendance Maker pourrait bien coller avec le second projet en raison de son besoin d’indépendance, de décentralisation des décisions et de responsabilité individuelle.

En démocratie, pendant que l’Etat défend le choix par le vote aux urnes, le libéralisme défend le choix par l’achat. Pendant que l’un parle du pouvoir du peuple par le vote aux urnes, l’autre parle du pouvoir d’achat. Pendant que l’un parle de citoyen, l’autre parle de consommateur. On comprend que le consommateur soit troublé lorsqu’on lui explique que son achat soutient la maltraitance animale ou l’esclavage à l’autre bout du monde. La logique de l’Etat garant de la morale s’éteint avec le libéralisme poussé à l’extrême, et on accorde notre confiance à des entreprises qui devraient prôner la bienveillance. Nous vivons dans un compromis de vision et aucune n’est vraiment parfaite.

Mais dans ce micmac de questionnements existentiels, les institutions intègrent progressivement les technologies des Makers pour intégrer toujours plus les citoyens comme le montre la vidéo ci-dessous avec le lancement d’une plateforme régionale de financement participatif.

Le citoyen engagé

Le mouvement des Makers a pris en compte le fait que les Etats et institutions avaient une marge de manœuvre limitée pour répondre aux problématiques des populations sans actions citoyennes. Pour avancer, il a pris le chemin du rassemblement pour construire ensemble en tant que citoyens responsables. Il a compris que le pouvoir reviendrait à ceux qui créeront le monde de demain.

Il a cessé d’accorder une confiance aveugle dans des institutions et structures qui héritent d’une telle histoire qu’il est devenu difficile de les transformer. Tout comme des grands parents, ces organisations sont conscientes de leur vieillesse. Mais tout comme des grands parents, elles incarnaient les valeurs défendues par les citoyens à une époque, et elles ont peur de mourir.

Même si le contexte a évolué, même si les réponses du passé ne sont plus compatibles avec les questions du présent, les anciens sont emprunts d’une sagesse qu’il est nécessaire de respecter. Comment peut-on parler d’évolution si on oublie le passé ? Comment peut-on vouloir faire évoluer un système démocratique si les citoyens ont disparu ? Comment peut-on imaginer un avenir pour une société qui a oublié que sa valeur vient de ceux qui la composent ?

C’est cela et l’influence du mouvement des Makers sur le monde qui a attiré le regard de politiciens tels que Barack Obama, ancien Président des Etats Unis, et Anne Hidalgo, Maire de Paris. En 2016, la mairie de Paris dévoilait son plan pour faire de Paris la capitale des Makers.

« Ce mouvement est essentiel pour l’économie parisienne de demain, car il permet de relocaliser une petite fabrication industrielle au plus près du consommateur, en rupture avec l’industrie lourde des XIXe et XXe siècles. La Ville va accompagner ce mouvement et l’accélérer. Nous allons faciliter son essor, fédérer, créer une vraie communauté parisienne », déclarait Jean-Louis Missika, adjoint de la maire de Paris en charge du développement économique et de l’attractivité à l’époque, dans un discours retranscrit par Bertrand Gréco  du Journal du Dimanche.

L’influence sur les entreprises

Dans la confrontation entre l’Etat et les entreprises, les Makers jouent double jeu. Ils influencent également le fonctionnement des entreprises, à tel point que certaines envoient leurs salariés faire des stages dans des makerspaces et créent des FabLabs internes. L’objectif est souvent du team building, du prototypage et de la confrontation au terrain. Les salariés profitent ainsi de la dynamique maker, de leurs lieux et de leurs outils.

Les entreprises commandent également dans l’écosystème des Makers. Ceux-ci s’organisent ensuite en fonction des compétences des uns et des autres. Certaines entreprises voient dans la capacité des Makers à travailler sous forte contrainte une main d’œuvre à bas coût à disposition. C’est là que les divergences commencent à être ressenties, car les entreprises ont compris leur intérêt à solliciter les Makers. Aussi, certains sponsors des lieux et foires sont en complète opposition sur les valeurs. Ils prônent le brevet, adoptent une attitude très agressive avec leurs concurrents, et voient dans le mouvement des Makers une tendance qui attire le consommateur. Certaines entreprises adoptent le comportement des Makers en publiant des tutoriels pour inspirer leurs clients et gagner en proximité. C’est de l’ordre de la Relation Publique.

Pourquoi alors le mouvement des Makers conserve sa proximité avec ces entreprises ? C’est parce que les intérêts sont partagés entre les deux camps. Le mouvement des Makers n’aurait pas pris cette ampleur sans le soutien des grandes enseignes, et certains Makers travaillent pour elles le jour et rentrent au Makerspace le soir. Quand aux entreprises, la plupart des innovations qu’elles valorisent aujourd’hui sont issues du mouvement des Makers comme je l’ai mentionné lors de mon intervention à Vivatech (le CES français), où je présentais le métier de chef de projets dans ce nouvel environnement.

C’est toute la complexité de notre monde d’humains que l’on retrouve chez les Makers. L’humain fait au mieux avec les contraintes de son environnement, quitte à parfois adopter des attitudes qui sont incohérentes d’un point de vue logique. Tout le monde a des avis différents, tout le monde a une vision du monde différent, et tout le monde se tolère. Cela donne lieu à des débats très intéressants, et les mondes s’influencent mutuellement. Certaines entreprises ont également développé des valeurs comparables à celles des Makers. Notamment, Tesla et Toyota ont décidé de partager de nombreux brevets pour que leurs inventions permettent à un maximum de population de progresser. On peut aussi se dire que les technologies développées ne seront exploitables que si la concurrence s’installe. Mais encore une fois, il s’agit d’un long débat, et il ne faut pas oublier que l’Open Source a une ambition commerciale.

L’impact sur l’éducation

Dans ce monde ultra connecté, où l’on apprend en fonction de ce que l’on veut créer, et où l’apprentissage n’est plus cadré par des formations normalisées, comment l’Education Nationale peut évoluer ? Malheureusement, ce n’est pas son rôle et c’est toute une culture qui doit changer. L’éducation national n’a pas aujourd’hui pour rôle de préparer les populations au marché du travail et au monde de demain. Son rôle est plutôt de garantir qu’une information normalisée a été transmise à la population ; que tout le monde a eu accès au minimum culturel et scientifique. Cela étant fait avec la même logique que les industriels, avec des contrôles qualités qui visent à la remise d’un certificat ou d’un diplôme qui atteste d’une conformité.

L’Education Nationale a beaucoup de mal à gérer ses ressources et budgets très serrés. Elle fait face à une crise de confiance dans son mode de fonctionnement, manque de budget pour la formation des professeurs aux méthodes nouvelles adoptées depuis les années 1970 par certains voisins européens, et continue de transmettre des connaissances d’un autre temps dans un espace d’un autre temps. Il suffit de regarder comment se sentent les enfants à fort potentiel dans cet environnement, ou le traitement qui est réservé à des personnes comme Céline Alvarez qui tentent de révolutionner le système pour comprendre la situation. C’est l’implication citoyenne et la dynamique des communautés qui favorise le développement aujourd’hui.

L’école 42 se repose sur les nouveaux principes d’apprentissage pour créer les développeurs logiciels de demain. Voici l’interview que Nicolas Sadirac m’a accordé.

Show me the Maker : ce n’est que le début

Il y aurait encore tant à dire sur le mouvement des Makers. Nous avons tant de vidéos et d’interviews que nous n’avons pas eu le temps de monter et publier, et que nous rêvons de partager avec vous. Il y aurait énormément d’actions à couvrir en ce moment de confinement pour le coronavirus…

Ce mouvement est en constante croissance et est cité comme à l’origine de la nouvelle révolution industrielle. C’est pourquoi nous avons décidé, à notre échelle, au sein de l’association Form’ Maker, d’organiser des conférences où des Makers racontent leurs vies et leurs projets : les conférences Show me the Maker.

A ce jour, nous avons organisé quatre événements dont vous pouvez retrouver les vidéos sur la chaîne Youtube Shy Robotics. Voici les dernières que nous avons publié. Excellente visualisation !

Mise à jour de l’article le 15 mai 2020 : Le gouvernement contre les Makers

La plateforme bénévole Covid3D créée pour permettre à tous les citoyens qui le souhaitent de réaliser les équipements de protection destinés aux soignant vient d’annoncer sa fermeture. Elle avait été créée d’urgence car les soignants s’étaient retrouvés dans l’impossibilité d’accéder aux équipements indispensables pour se protéger de la contamination du virus au début de cette crise. De nombreux bénévoles anonymes se sont donnés corps et âme pour combler ce manque.

Alors qu’il est discuté à l’assemblée nationale de faire dont de congés aux soignants et de leur remettre une médaille, les makers bénévoles et les créateurs de Covid3D ont reçu les menaces ci-dessous de la part des autorités.

Le mouvement des Makers grandit, et comme tout mouvement novateur il se frotte à des freins… Mais la reconnaissance des concernés est bien présente. Mon petit frère a fait partie des fournisseurs bénévoles d’équipement et les soignants et personnels exposés au risque de contamination sont, comme la plupart des citoyens, très reconnaissants ! Nous vivons ensemble et la solidarité prime pour vivre dans un environnement sein. Merci à tous les Makers ! Longue vie aux Makers !

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